Il faut relancer l’attribution des blocs d’exploitation de gaz.
Ziad Abs est le président de Petroserv, l’un des deux partenaires libanais – avec Energy Environment Holding – de Neos GeoSolutions, la société américaine chargée de détecter la présence d’hydrocarbures dans le sous-sol libanais. Il revient pour « L’Orient-Le Jour » sur le lancement d’une campagne d’exploration similaire à Chypre.
Qu’est-ce qui a décidé Chypre à mener cette campagne d’évaluation du potentiel pétrolier et gazier de son sous-sol ?
Le succès du projet CedarsOil, qui a permis de découvrir des indices importants sur la présence de gisements d’hydrocarbures dans le sous-sol libanais, a convaincu les autorités chypriotes de la nécessité de mener une étude similaire sur leur territoire. La découverte fin août de ce qui pourrait être le plus important gisement de gaz offshore jamais découvert en Méditerranée – le puit de Zohr, situé dans les eaux territoriales égyptiennes à quelque encablures de la frontière maritime avec Chypre et dont le potentiel est évalué à 30 000 milliards de mètres cubes de gaz – a également contribué à faire aboutir les discussions.
Les négociations entre le ministère chypriote du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme et Neos GeoSolutions pour réaliser une carte tridimensionnelle afin d’évaluer le potentiel gazier et pétrolier de l’île ont commencé au printemps. L’accord signé le 25 septembre pour un montant total de 12 millions de dollars concerne l’exploration d’une zone de 9 000 km2, soit 1,5 fois la superficie explorée lors des opérations de balayage aérien menées par Neos et ses partenaires au Liban – Energy Environment Holding (EEH) et Petroserv.
Les données collectées permettront d’obtenir une évaluation du potentiel gazier et pétrolier, qui devra ensuite être confirmé par des études sismiques suivies par des opérations de forage. Les opérations devraient débuter d’ici au début de l’année prochaine.
(Lire aussi : « Le Liban doit profiter de la baisse des prix du brut pour lancer l’exploration »)
Quel est le rôle de Petroserv dans le partenariat qui le lie à Neos et à Energy Environnemental Holding ?
Fondé en 2012, Petroserv est un prestataire de service qui sous-traite toutes les formalités administratives accompagnant les opérations d’exploration des sous-sols pour le compte de Neos, comme par exemple l’obtention des autorisations de survol auprès des autorités locales. Petroserv propose également son assistance technique lors des phases de négociation et d’exécution des contrats d’exploration, sur le plan légal et commercial. La société américaine Neos prend en charge de son côté toutes les opérations de télédétection alors qu’EEH s’occupe de l’aspect financier du projet.
Cette initiative chypriote accentue-t-elle la pression sur le Liban, où l’attribution des blocs d’exploration offshore reste bloquée ?
Il faut l’espérer, car s’il n’est pas trop tard pour relancer le processus, il devient urgent de ne pas laisser les pays voisins qui jouxtent le bassin levantin – l’Égypte, Israël et Chypre – prendre trop d’avance sur le Liban, où l’exploration et la possible exploitation des ressources pétrolières est figée depuis 2013. Les 46 compagnies qui ont été préqualifiées pour exploiter les dix concessions situées dans la zone économique exclusive (ZEE) du Liban attendent toujours l’adoption de deux décrets – celui qui définit leurs coordonnées et celui qui fixe les modalités du contrat d’exploration et de production – pour pouvoir confirmer la présence de gaz et, le cas échéant, son exploitation. Le blocage politique a retardé le processus de deux ans mais cela a permis de disposer de plus de temps pour affiner les résultats des études effectuées par Neos.
L’idéal serait de le relancer maintenant, au moment où le prix du pétrole, et donc le coût des opérations de prospection sont au plus bas.