Conflit maritime gréco-turc: «les tensions pourraient conduire à un réel conflit armé»

La tension est à son comble entre la Grèce et la Turquie depuis l’envoi par Ankara d’un navire de recherche près d’une zone revendiquée par Athènes. Selon Roudi Baroudi, expert en énergie et des conflits en Méditerranée, si les parties ne trouvent pas rapidement un terrain d’entente, les risques d’un conflit armé sont réels. Entretien.
Rien ne va plus entre Athènes et Ankara depuis qu’un navire turc consacré à la recherche sismique a été envoyé tout près de l’île grecque de Kastellorizo. Aussi connue sous le nom de Megísti, l’île est située à deux kilomètres des côtes turques et à environ 580 kilomètres d’Athènes. Après avoir brièvement suspendu ses recherches d’hydrocarbures, Ankara a annoncé que son opération allait reprendre. Pour soutenir la Grèce, la France a décidé de renforcer sa présence dans les eaux disputées.
Pour faire le point sur cette situation explosive, Sputnik s’est entretenu avec Roudi Baroudi, spécialiste de l’énergie internationalement reconnu. M.Baroudi a notamment travaillé en collaboration avec la Banque mondiale, le FMI, la Commission européenne, l’Agence des États-Unis pour le développement international et le Fonds arabe pour le développement économique et social. Il vient de publier le livre Maritime Disputes in the Eastern Mediterranean (Éd. Brookings), consacré aux conflits en Méditerranée.
Sputnik: Est-ce le début d’un conflit majeur?
Roudi Baroudi: «La première chose à considérer est que si les parties n’adhèrent pas aux mêmes principes découlant de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, le différend ne peut pas prendre fin. Si tel est le cas, les 20 prochaines années ne peuvent que ressembler aux 20 dernières années: les tensions vont persister ou, pire, conduire à un réel conflit armé.
La réalité est que ces derniers jours, le navire d’exploration turc a effectué des tirs sismiques dans une zone qui ferait presque certainement partie de la Zone économique exclusive reconnue de la Turquie si les parties appliquaient les principes de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et respectaient celui d’équidistance. C’est un constat auquel les parties pourraient en venir si elles voulaient en arriver à une solution équitable tenant compte de toutes les caractéristiques de la zone immédiate. Autrement dit, si les deux pays s’engageaient à négocier une solution équitable ‘‘à la lettre’’, en mettant en œuvre les règles établies dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.»
Sputnik: Selon l’expert Christian Fleury, interrogé récemment par Sputnik, la Méditerranée regorge de conflits potentiels de ce type. La Méditerranée peut-elle vraiment devenir une poudrière à cause de la recherche d’hydrocarbures?
Roudi Baroudi: «Eh bien, cela est vrai en Méditerranée orientale où le conflit israélo-arabe, par exemple, dure depuis plus de 75 ans et en raison d’autres facteurs. Néanmoins, si les dirigeants de la région devaient s’asseoir et s’engager véritablement à résoudre leurs différends pacifiquement –comme ils sont tenus de le faire en vertu de la charte des Nations unies et tenus d’utiliser les structures de partenariat de l’UE disponibles–, je ne doute pas qu’ils pourraient finir par conclure des accords qui isolent la recherche de profits liée aux hydrocarbures des effets de leurs désaccords politiques.
À certains égards, cela s’applique en particulier à la Grèce et à la Turquie. Ces deux pays sont actuellement dirigés par des individus dont les référents nationalistes les encourageraient sans doute à parvenir à un accord. Il est important de noter que si la Grèce et la Turquie ont déclaré unilatéralement leurs frontières maritimes hypothétiques, aucune de leurs revendications n’a été enregistrée, publiée ou même déposée auprès de la Division des affaires maritimes et du droit de la mer des Nations unies, ce qui signifie qu’elles ne sont pas reconnues internationalement.
Il existerait une solution équitable pour les deux parties, celle qui procède d’une ‘‘logique neutre’’ du droit de la mer et qui a été utilisée à plusieurs reprises dans d’autres parties du monde pour résoudre pacifiquement des conflits similaires. Cette solution tiendrait compte des petites îles grecques isolées tout en offrant le meilleur compromis aux deux États côtiers pour l’ensemble de la mer Méditerranée.»
Sputnik: Selon vous, la Turquie et la Grèce devraient donc faire appel aux tribunaux internationaux?
Roudi Baroudi: «C’est définitivement une option, tout comme l’arbitrage, si les parties ne parviennent pas à se mettre d’accord sur une forme de procédure diplomatique conventionnelle pour résoudre leurs revendications territoriales qui se chevauchent. Quelle que soit la manière de dialoguer, tant qu’ils acceptent de suivre les principes de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, les progrès récents de la technologie rendent le résultat des négociations beaucoup plus prévisible qu’il ne l’aurait été auparavant.
Des entreprises comme Fugro offrant des solutions de cartographie avancées et/ou utilisant une cartographie de haute précision du littoral peuvent fournir rapidement et précisément des ‘‘résultats reproductibles cohérents’’ pour chaque État (ou d’autres entités) comme jamais auparavant. Ces nouvelles technologies tournent la page de décennies de méfiance, laquelle a toujours représenté un grave problème quand il fallait définir des frontières maritimes offshore.
Ces nouvelles technologies permettent une cartographie précise des points de terminus terrestre (les régions frontalières de l’interface terre-mer), et en mer, des points de trijonction, c’est-à-dire là où, précisément, les Zones économiques exclusives de trois États côtiers se rencontrent pour former un point commun. Ces nouvelles technologies éliminent d’autres éléments sur lesquels il pourrait y avoir des différends et facilite l’interprétation de laConvention des Nations unies sur le droit de la mer afin que les deux parties obtiennent une ‘‘victoire’’ de manière équitable.
La Grèce et la Turquie ont la possibilité de suivre, entre autres, l’exemple des règlements des litiges ayant opposé le Bangladesh et le Myanmar, le Nicaragua et le Honduras, la Libye et la Tunisie, etc. C’est la voie à suivre: s’appuyer sur la loi, la science et les règles en vigueur et non sur les menaces et les canons.»
Sputnik: Afin de redéfinir leurs frontières maritimes, la Turquie a signé un accord avec la Libye en 2019 tandis que la Grèce en a signé un avec l’Égypte le 6 août dernier. Ces traités sont-ils reconnus par les États voisins et la communauté internationale?
Roudi Baroudi: «Dans la présente situation, ces deux paires d’États côtiers ont défini des frontières maritimes extracôtières qui semblent avoir des zones de revendication qui se chevauchent. Pour chaque paire d’États côtiers (la Turquie et la Libye ainsi que la Grèce et l’Égypte), ces accords peuvent être considérés comme des tentatives de définir de nouvelles frontières bilatéralement. Cependant, étant donné que les accords provisoires potentiels ne prenaient pas en considération les effets possibles sur les droits des États voisins, ils sont uniquement considérés comme des accords bilatéraux. Deux pays ont toujours le droit de tracer ce genre de frontières en vertu du droit international, mais ces traités n’engagent que les pays qui les ratifient et jamais les pays tiers.»
NEW YORK – As the world’s business elites trek to Davos for their annual gathering, people should be asking a simple question: Have they overcome their infatuation with US President Donald Trump?
Two years ago, a few rare corporate leaders were concerned about climate change, or upset at Trump’s misogyny and bigotry. Most, however, were celebrating the president’s tax cuts for billionaires and corporations and looking forward to his efforts to deregulate the economy. That would allow businesses to pollute the air more, get more Americans hooked on opioids, entice more children to eat their diabetes-inducing foods, and engage in the sort of financial shenanigans that brought on the 2008 crisis.
Today, many corporate bosses are still talking about the continued GDP growth and record stock prices. But neither GDP nor the Dow is a good measure of economic performance. Neither tells us what’s happening to ordinary citizens’ living standards or anything about sustainability. In fact, US economic performance over the past four years is Exhibit A in the indictment against relying on these indicators.
To get a good reading on a country’s economic health, start by looking at the health of its citizens. If they are happy and prosperous, they will be healthy and live longer. Among developed countries, America sits at the bottom in this regard. US life expectancy, already relatively low, fell in each of the first two years of Trump’s presidency, and in 2017, midlife mortality reached its highest rate since World War II. This is not a surprise, because no president has worked harder to make sure that more Americans lack health insurance. Millions have lost their coverage, and the uninsured rate has risen, in just two years, from 10.9% to 13.7%.
One reason for declining life expectancy in America is what Anne Case and Nobel laureate economist Angus Deaton call deaths of despair, caused by alcohol, drug overdoses, and suicide. In 2017 (the most recent year for which good data are available), such deaths stood at almost four times their 1999 level.
The only time I have seen anything like these declines in health – outside of war or epidemics – was when I was chief economist of the World Bank and found out that mortality and morbidity data confirmed what our economic indicators suggested about the dismal state of the post-Soviet Russian economy.
Trump may be a good president for the top 1% – and especially for the top 0.1% – but he has not been good for everyone else. If fully implemented, the 2017 tax cut will result in tax increases for most households in the second, third, and fourth income quintiles.
Given tax cuts that disproportionately benefit the ultrarich and corporations, it should come as no surprise that there was no significant change in the median US household’s disposable income between 2017 and 2018 (again, the most recent year with good data). The lion’s share of the increase in GDP is also going to those at the top. Real median weekly earnings are just 2.6% above their level when Trump took office. And these increases have not offset long periods of wage stagnation. For example, the median wage of a full-time male worker (and those with full-time jobs are the lucky ones) is still more than 3% below what it was 40 years ago. Nor has there been much progress on reducing racial disparities: in the third quarter of 2019, median weekly earnings for black men working full-time were less than three-quarters the level for white men.
Making matters worse, the growth that has occurred is not environmentally sustainable – and even less so thanks to the Trump administration’s gutting of regulations that have passed stringent cost-benefit analyses. The air will be less breathable, the water less drinkable, and the planet more subject to climate change. In fact, losses related to climate change have already reached new highs in the US, which has suffered more property damage than any other country – reaching some 1.5% of GDP in 2017.
The tax cuts were supposed to spur a new wave of investment. Instead, they triggered an all-time record binge of share buybacks – some $800 billion in 2018 – by some of America’s most profitable companies, and led to record peacetime deficits (almost $1 trillion in fiscal 2019) in a country supposedly near full employment. And even with weak investment, the US had to borrow massively abroad: the most recent data show foreign borrowing at nearly $500 billion a year, with an increase of more than 10% in America’s net indebtedness position in one year alone.
Likewise, Trump’s trade wars, for all their sound and fury, have not reduced the US trade deficit, which was one-quarter higher in 2018 than it was in 2016. The 2018 goods deficit was the largest on record. Even the deficit in trade with China was up almost a quarter from 2016. The US did get a new North American trade agreement, without the investment agreement provisions that the Business Roundtable wanted, without the provisions raising drug prices that the pharmaceutical companies wanted, and with better labor and environmental provisions. Trump, a self-proclaimed master deal maker, lost on almost every front in his negotiations with congressional Democrats, resulting in a slightly improved trade arrangement.
And despite Trump’s vaunted promises to bring manufacturing jobs back to the US, the increase in manufacturing employment is still lower than it was under his predecessor, Barack Obama, once the post-2008 recovery set in, and is still markedly below its pre-crisis level. Even the unemployment rate, at a 50-year low, masks economic fragility. The employment rate for working-age males and females, while rising, has increased less than during the Obama recovery, and is still significantly below that of other developed countries. The pace of job creation is also markedly slower than it was under Obama.
Again, the low employment rate is not a surprise, not least because unhealthy people can’t work. Moreover, those on disability benefits, in prison – the US incarceration rate has increased more than sixfold since 1970, with some two million people currently behind bars – or so discouraged that they are not actively seeking jobs are not counted as “unemployed.” But, of course, they are not employed. Nor is it a surprise that a country that doesn’t provide affordable childcare or guarantee family leave would have lower female employment – adjusted for population, more than ten percentage points lower – than other developed countries.
Even judging by GDP, the Trump economy falls short. Last quarter’s growth was just 2.1%, far less than the 4%, 5%, or even 6% Trump promised to deliver, and even less than the 2.4% average of Obama’s second term. That is a remarkably poor performance considering the stimulus provided by the $1 trillion deficit and ultra-low interest rates. This is not an accident, or just a matter of bad luck: Trump’s brand is uncertainty, volatility, and prevarication, whereas trust, stability, and confidence are essential for growth. So is equality, according to the International Monetary Fund.
So, Trump deserves failing grades not just on essential tasks like upholding democracy and preserving our planet. He should not get a pass on the economy, either.